Le meurtre de l’infans, Violence et processus de subjectivation

La psychanalyse a ses mythes d’origine. Au début de Malaise dans la Civilisation (1929), à son ami Romain Rolland déclarant voir la source réelle de la religiosité dans l’éprouvé subjectif « d’un sentiment océanique », Freud oppose une construction, «qu’on ne peut évidemment pas démontrer, mais qui, en revanche se laisse reconstituer avec une vraisemblance suffisante »(1929, p8). Et Freud raconte la naissance du moi, et de l’objet, dans les cris, la douleur et la souffrance. Le moi apparaît sur fonds de manque. Il émerge d’un temps où il n’y a pas de conscience de soi, pas de moi, mais pas d’autre non plus. La réalité était alors une et indifférenciée. L’autre se présente en premier lieu comme « le dehors », étranger et menaçant, qui se soustrait à l’enfant. Du coeur de cette expérience, le mettant en situation de détresse, le moi en appelle à une protection. C’est là, dans ce sentiment infantile de dépendance, que Freud situe l’origine de la religiosité. Le sentiment de quelque chose d’infini, auquel Romain Rolland fait référence, mais que Freud se défend de pouvoir éprouver lui-même, renverrait, quand à lui, au narcissisme illimité d’avant la naissance du moi et de l’objet. C’est l’Eden, au moins tel qu’on se le réinvente, sans le retranchement de l’arbre aux fruits si désirables, auquel, dès son installation dans le jardin, l’homme doit renoncer. Fidèle à lui-même, comme il l’a tenu tout au long de son oeuvre, en particulier dans la dispute avec Jung, Freud réccuse toute vision unitaire. S’il y a de l’un, c’est dans l’indifférencié. Avant le commencement…

Informazioni aggiuntive

  • Auteur(s) - Autore: VAUCHER Myriam
  • Année - Anno: 2005
  • Type de document - Tipo di documento: Intervention - Intervento
  • Langue - Lingua: Français - Francese
  • Thème - Tema: Religions et violences - Religioni e violenza
  • Evénement - Avvenimento: 2005 Gand
  • Mots-clé - Parola-chiave: violence violenza violencia