Processus primaire ou possession moderne ?

Les concepts de processus primaire chez Freud et du Réel chez Lacan sont des notions difficiles à appréhender. La difficulté devient même insurmontable lorsqu’on cherche à les relier aux phénomènes cliniques qu’ils sont censés représenter. Rebondissant sur des articles d’un numéro récent de Psychothérapies, il sera question d’apporter un éclairage différent sur ces notions, en les rapprochant des analyses de M. de Certeau sur un phénomène de possession au XVIIe siècle. Cette échappée historique permettrait également de réinterroger une clinique difficile, celle du traumatisme.

Notes de lecture de Richard Querinjean

L’auteur part de la lecture d’un article de Janine Puget (2004) dans lequel elle évoque un remaniement de la métapsychologie qui débouche sur un principe d’incertitude de la relation thérapeutique. On ne peut prévoir que l’imprévisibilité. L’auteur retrouve un de ses auteurs fétiches, Michel de Certeau, qui a écrit un livre sur la Possession de Loudun (1970). Selon ce dernier, historien : « L’histoire n’est jamais sûre : où sont nos diables ? ». On peut se risquer à quelques rapprochements. L’auteur débouche alors sur une autre confrontation déconcertante, celle du thérapeute à sa propre folie. On peut apparenter la rencontre de Surin et de Jeanne des Anges à une relation thérapeutique et à ses alea. Surin a été malade pendant 18 ans après l’exorcisme de Marie des Anges, alors que la religieuse a été « guérie ». L’auteur compare, mutatis mutandis, cette intervention de Surin et ses effets néfastes pour lui aux moments de dépossession de soi que peut connaître le thérapeute face à un patient psychotique ou traumatisé (par le biais d’une identification projective par exemple). Un passage particulièrement intéressant de cet article approche la problématique de l’indicible (processus primaire) dans la relation thérapeutique des grand « malades ». La prise en compte de cette expérience troublante de dépossession ne peut avoir comme résultat de cantonner le thérapeute dans une attitude psychanalytique pure. Il se doit d’avoir une attitude éthique (réinscription contextuelle) « à la hauteur du mal vécu du patient ». Réflexions très intéressantes, illustrée par l’évocation de l’affaire de Loudun, sur l’expérience troublante, bouleversante du thérapeute face au psychotique ou au patient traumatisé.

Informazioni aggiuntive

  • Auteur(s) - Autore: MARION-VEYRON Régis
  • Année - Anno: 2006
  • Type de document - Tipo di documento: Article publié - Articolo pubblicato
  • Langue - Lingua: Français - Francese
  • Thème - Tema: Autre - Altro
  • Evénement - Avvenimento: Hors AIEMPR - Fuori AIEMPR
  • Mots-clé - Parola-chiave: processus primaires, possession, M. de Certeau, traumatisme, Réel, histoire