L'auteur s'interroge sur l'influence la dissolution des rites de passage sur la construction identitaire de l’adolescent
Texte d’ouverture du XVIIIe congrès de l’AIEMPR, rendant compte du choix du thème : « C’est pour mieux… Te manger, au commencement était l’ambivalence ».
La violence est là ! Dans la vie qui jaillit, dans la mort qui survient. Dans leur lien, leur couple infernal. La violence est comme le vent, qui tantôt se laisse dompter par Eros, et se fait souffle créateur; tantôt joue le jeu de Thanatos et se fait tornade dévastatrice. Si les barbares sont des hommes, et désormais nous le savons, alors les hommes sont aussi des barbares, qui doivent néanmoins trouver la possibilité d’un vivre ensemble. La dialectique n’est pas morale, mais pulsionnelle, qui sous-tend le travail de culture.
Caïn tue Abel avant de construire une ville; Romulus met à mort son frère pour assurer les limites de Rome. L’auteur aborde les relations fraternelles sous l’angle de leur violence. Pour Freud, les récits de fratricide dissimuleraient un meurtre plus lointain, plus originaire, celui d’un père, par une horde fraternelle. L’auteur se demande si le meurtre d’un père ne viendrait pas se substituer à celui d’un frère ou d’un fils, comme l’angoisse de castration se substitue à l’angoisse de mort, non comme une réalité plus ancienne, mais comme une construction qui permette de penser l’impensable.
Dans une lecture originale des contes, déchirant le voile, l’auteur nous engage dans les voies inquiétantes d’une curiosité sans limite. Elle ne nous y laisse pas seuls, heureusement, et nous indique, dans une clinique succincte et dans les récits eux-mêmes, les indices des transformations possibles vers une curiosité bordée par l’oedipe.
Fêter les 40 ans de l'École belge de psychanalyse sous le signe de Cet obscur objet du désir n'est pas innocent. Bien que le film ne soit sorti qu'au mois d'août 1977, la façon dont il traite son sujet rejoint à plus d'un point les préoccupations de l'École - aussi bien celles d'alors que celles d'aujourd'hui. Le scénario de base n'est pourtant pas si original et a inspiré plusieurs autres films. C'est une adaptation de La femme et le pantin de Pierre Louys, une histoire d'un homme qui poursuit une femme dont il est tombé amoureux quand elle est venue se présenter comme servante. Celle-ci s'obstine tout autant à se refuser qu'à relancer le désir de celui qui est devenu son esclave. Chercher la femme, toujours la femme, l'unique qui est toujours l'autre: ce n'est pas si exceptionnel comme thème... Mais Buñuel ajoute d'autres éléments qui rendent son film plus intrigant. Il y a le fait que le rôle de la femme est joué par deux actrices, et le psychanalyste n'y manquera pas d'y reconnaître ce que Freud appelle « Rabaissement généralisé de la vie amoureuse », c'est-àdire l'homme qui est écartelé entre « la maman et la putain ».
La flagellation a longtemps fait partie de l'histoire spirituelle du christianisme. Et pourtant, on est abasourdi quand on est subitement confronté à cette forme de dévotion qui se pratique, encore de nos jours, dans un village du Nord de l'Espagne. À partir de cette expérience, l'auteur entame une réflexion où psychanalyse, théologie et histoire se rejoignent. Que dire de ces gestes qui semblent surtout vouloir se passer de mots et qui n'en impressionnent que plus? Rejoignent-ils peut-être des sentiments secrets, enfouis au plus profond de nous-mêmes? Et que faisons-nous, ou que disons-nous à nous-mêmes, quand nous proférons le mot de `masochisme'? Faisons-nous autre chose que conjurer des sentiments obscurs qui couvent dans notre propre for intérieur?
On trouvera dans ce livre d'abord une enquête historique sérieuse qui donne toutes les sources concernant l'autoflagellation. Partant de Pierre Damien, en passant par les groupes de flagellants du quatorzième siècle, Jean Gerson, Henri III, la querelle entre jésuites et protestants, l'auteur montre comment la flagellation s'est muée en `discipline'. Le fait que son caractère sexuel ait ensuite été relevé — s'il ne faut dire: mis en place — a provoqué la critique mordante de l'abbé Boileau. Le résultat fut qu'au moment où la `discipline' s'est répandue comme pratique courante dans les couvents et chez certains laïcs pieux, on en a de moins en moins parlé en théologie. C'est la sexologie qui l'a retrouvée, pour la prendre comme modèle pour introduire le terme de masochisme. Puis Freud a pressenti qu'il y avait là une donnée fondamentale concernant la construction de l'identité propre, bien qu'il ne soit pas parvenu à élaborer complètement son intuition.
Dans ce récit historique l'auteur essaie de faire résonner chez le lecteur les fantasmes que la spiritualité de la Passion a instillés dans notre culture. Tout en refusant l'application de vignettes psychanalytiques trop simples, il montre ce cette discipline peut apporter à la réflexion philosophique sur le vécu occidental du corps humain.